Jocelyne - Kassoumail

Peinture, sculpture, modelage, collage, pyrogravure. Jocelyne a besoin de multitude, de mouvance. Du volcanique émerge et s'inscrit sur des supports variés. De la branche ramassée au cours d'une promenade surgira le Haut Totem. Il est là, figure, gardien, présence charnelle. Une transcendance, un représentant à qui il ne faut pas en conter.

Un parcours de vingt années de production avec des matériaux classiques, papier, toile, carton ondulé. Son œil se laisse aussi séduire par des végétaux, des minéraux, d'autres éléments qui font naître en elle l'impulsion de l'œuvre à venir. Des surgissements se déploient, des traces apparaissent. Une forme se dessine, un processus long et douloureux se met en marche. La forme imaginée ne se laisse pas transformer, la matière résiste, le geste ne s'accorde au désir de faire. Rage, colère, déception, abandon parfois, dépassement souvent.

Des réalisations adviennent.

Couches successives, transformations laissent percevoir doutes, tâtonnements. Son regard capte et le mouvement créatif s'ouvre. Fulgurance. Intuition. Dans ce débordement, ce jaillissement émotionnel se donne à voir du fond, du profond d'elle-même.

Regardons tout ce qui s'offre à notre vue au-delà de la perception globale et instantanée de la première approche. Dans l'informe du fond, dans la luxuriance des couleurs, des formes émergent, le visage apparaît souvent dans son inévitable enfermement. Notre œil attiré par un détail nous entraîne vers un autre détail. La lecture d'une œuvre de Jocelyne est un cheminement, un voyage à travers alvéoles, méandres, paysages lunaires, squelettes de village, masques souriants, grimaçants, personnages flottant, en gestation…L'apparition d'un déchaînement de rythmes et de formes est comme une renaissance après le cataclysme. Une vie se révèle, stagnante, frémissante, balbutiante. Dans l'inachèvement des formes se lit une densité dramatique due à ses textures, ses mélanges de matériaux.

D'autres créations sont d'une minutie contenante. Tissages et collages de papier. Marqueterie délicate en coquille d'œufs, sur des boîtes, des petits meubles.

Sa création terminée devient souvent pour Jocelyne une étrange étrangère. Son regard critique, son sentiment d'inachèvement, d'insuffisance peut la submerger. Sauver ses œuvres nécessite alors des témoins bienveillants, faire que cet insu advenu soit reconnu et ose s'exposer.

Une lumière, une profondeur, des perspectives nouvelles se donnent à voir dans nombre de ses travaux. Chacune de ses approches, de ses réalisations, l'utilisation de matériaux trouvés à portée de mains, à portée de regard, dans la forêt, en bord de mer, dans des greniers voire des poubelles et autres lieux improbables font d'elle une artiste de l'insolite, une artiste proche de L'art Brut.

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